En contrepoint de l’explosion punk à la fin des années 1970, les Pretenders balançaient un rock plus racé et mélodique. La signature de sa fondatrice Chrissie Hynde, dont ce documentaire retrace l’histoire électrique, entre drames et ferveur éternelle.
À 14 ans, Chrissie Hynde reçoit un cadeau qui va changer le cours de sa vie : un ukulélé. Mais elle le troque aussitôt contre une guitare, fétiche plus propice à lui ouvrir la voie vers un monde aussi dangereux qu’attirant, le rock. Dès lors, monter un groupe s’impose chez la jeune femme comme seul horizon possible, une obsession qui ne souffre aucune concurrence. "Dans la vie, mon problème, c’est que je suis un loup solitaire. Mais pour la musique, j’ai un mental de sport collectif. Je voulais jouer dans un groupe avec un bassiste, un guitariste et un batteur. Être au centre de tous les regards n’était pas mon plan." Son vœu s’exauce en 1978, à l’âge de 27 ans, lorsque l’Américaine fonde les Pretenders, en osmose avec trois Anglais qui se révèlent vite d’excellents instrumentistes. Succès immédiat : dans une Angleterre secouée par l'explosion punk, le quatuor compose un rock mélodique et racé aux refrains entêtants. Portés par la voix tour à tour veloutée et griffue de celle qui deviendra la compagne de Ray Davies des Kinks, les hits "Stop Your Sobbing", "Brass in Pocket", ou "I Go to Sleep" tutoient les cimes des charts. Tandis que Chrissie Hynde cloue le bec à ceux qui pensent que le rock est for men only, les Pretenders s’installent dans le gotha.
Back in black
Pour atteindre la légitimité qui ne lui sera plus contestée, Chrisse Hynde aura dû traverser des années de vaches maigres, de la fuite de son Ohio natal en 1973 à ses errances londoniennes, de squats en plans musicaux foireux. Le temps de se forger une personnalité de combattante, animée d’une détermination sans faille qui lui tiendra lieu de résilience lorsqu’elle devra surmonter la mort par overdose de James Honeyman-Scott et de Pete Farndon, guitariste et bassiste originels du groupe. Continuer coûte que coûte en défiant la pesanteur des préjugés et les dangers de la vie de rock star : c’est, en filigrane, de morale qu’il est ici question. Riche en archives et extraits de concerts, se calant aussi sur la parole d’une cheffe de gang aussi farouche qu’intègre, notamment à travers son autobiographie Reckless: My Life as a Pretender (non traduite en français), le documentaire retrace, entre dérapages, sorties de piste et lignes droites vers le succès, l’une des plus excitantes aventures féminines de l'histoire du rock.
